On sait que la musique de Toufic Farroukh est à la fois multiple et à comprendre comme un tout, qu’elle soit nourrie de jazz, arabe, brésilienne, en provenance des Balkans ou même d’inspiration classique. Elle n’est pas le reflet d’une esthétique particulière parce que selon lui, la musique, « ce sont d’abord les musiciens » et ce qu’ils peuvent apporter de différent, donc de nouveau. Il sait en outre le luxe qui est le sien de pouvoir en choisir librement la sonorité et les textures. Surtout, elle commence toujours chez lui par une vibration sous l’influence d’une mélodie qui surgit, pour devenir très présente, et qui amènera naturellement avec elle la suite de la composition. Oui, la mélodie, point de départ essentiel né de choses vécues, de rencontres, de livres, de films... autant d’histoires que raconte cette musique élégante. On pourra entendre le souvenir d’un mariage (Think About It), une chanson d’amour dans un style flamenco (Caer), un clin d’œil à James Bond (Janis Bond) ou à la radio FIP (Fly Lucy), une bossa nova (No More Bossa), une évocation de musique russe (Sometimes I’m Happy), une danse folklorique serbe (Silène Dance) ... Toutes ces choses qui façonnent la vie d’un musicien, en réalité. Et chez Toufic Farroukh, par-delà les vicissitudes de notre monde – parmi celles-ci, il y a aussi la situation de son cher Liban et le va-et-vient constant entre temps de guerre et temps de paix – la vie veut croire qu’elle peut être belle.