Ce qu’il y a de chouette chez « Bob’s Not Dead ! », c’est qu’il surprend toujours là où on ne l’attend pas tout en étant exactement conforme à ce qu’on en espère. La marque des artistes, les vrais, ceux qui ont une personnalité tellement marquée et tellement assumée qu’ils peuvent s’affranchir de tous les codes et se balader dans tous les styles musicaux tout en conservant leur identité propre. Du punk-rock échelé (ou plutôt écrêté) avec des rythmes à pogoter dans son salon (La faute à qui ?, Les chansons d’amour), des textes qui claquent et qui cognent façon Renaud de son vivant - époque Bobino si vous préférez (Le grand Retour de

la Pépète, La Voisine)... Mais l’essentiel n’est pas là, car ce qui frappe dans « Les os sur la peau », c’est qu’il s’agit avant tout d’un album de chanson française, dans ce qu’elle a de plus

intelligent. Tour à tour nostalgique, émouvant et drôle, avec le mot juste et la formule qui tue, une vraie poésie du quotidien et une tendresse infinie. Des arrangements intelligents et subtils qui empruntent autant à la chanson des années 30 à 60 qu’aux musiques de l’est, au jazz manouche et ce qu’il est désormais coutume d’appeler le « punk musette », sans oublier des styles improbables comme la samba ou même la country ! Bob promène son spleen d’un idéal, son amour pour les gens simples et vrais, son rire comme politesse du désespoir. Dans un très beau duo avec Toma Feterman (« Gitan Refoulé »),

Bob résume en fait parfaitement ce qu’il est aujourd’hui : un chanteur libre, intemporel, jamais à la mode et donc jamais démodé, presque gitan, un peu anar, mais surtout, pour paraphraser le titre de l’album, un mec avec le coeur sur la peau.